Lorsque, en avril 1972, Maria Isabel Barreno, Maria Teresa Horta et Maria Velho da Costa ont publié Novas Cartas Portuguesas (Nouvelles lettres portugaises), le régime dictatorial portugais a réagi par une forte censure, interdisant l’ouvrage et engageant des poursuites judiciaires qui ne prendront fin qu’après la révolution portugaise, en 1974. Pendant cette période, la vague internationale de soutien aux 3 femmes auteures a atteint des proportions inimaginables. La cartographie de cette réponse a été réalisée par un groupe de chercheuses et chercheurs, coordonné par Ana Luísa Amaral, dans le cadre du projet “Novas Cartas Portuguesas 40 anos depois”, basé à l’Institut de Littérature Comparée Margarida Losa de l’Université de Porto. Après 50 ans, le livre reste d’actualité, abordant des questions qui demeurent cruciales pour l’agenda politique contemporain et continuent d’affecter la vie des femmes et des hommes. Après tout,  qu’est-ce qui a changé?

La singularité de l’œuvre Novas Cartas Portuguesas (Nouvelles lettres portugaises) reside, précisément, dans son caractère intemporel. Au cours de ce périple de 50 ans, quelles avancées législatives les femmes ont-elles vu consacrées? Quel progrès au Portugal, et en Europe? Où en sont les femmes et les hommes en termes de travail rémunéré? Et qu’en est-il de leurs salaires? Comment sont les hommes et les femmes en ce qui concerne le temps consacré aux soins (travail non rémunéré), à la gestion des besoins familiaux? Qu’en est-il du temps libre? Et aussi, et toujours, avec les manifestations de pouvoir que certains ont sur d’autres? Qu’est-ce qui nous sépare de la version originale?

Les féminismes, en tant que remises en question du normatif social, à savoir les rôles de genre (encore) existants, sont les promoteurs d’une société plus juste et plus égalitaire; donc, plus démocratique. Or, nous vivons une période historique caractérisée par des conflits excessifs, souvent alimentés par les réseaux sociaux (sans les diaboliser), mais aussi des conflits diplomatiques, voire armés, aux conséquences dévastatrices pour les hommes et les femmes. Les féminismes sont fondamentaux pour déraciner la violence et construire des relations sociales plus saines, c’est-à-dire une culture de la paix (interpersonnelle et même entre États). Comment les féminismes pourraient-ils inverser cette tendance? Conquérir plus de personnes? Faut-il  assurer une plus grande visibilité aux féminismes?

Les féminismes, en tant que remises en question de la normativité sociale, à savoir les rôles de genre (encore) existants, promeuvent une société plus juste et plus égalitaire. Plus démocratique, donc. Cependant, dans une période historique caractérisée par des conflits excessifs, souvent alimentés par les réseaux sociaux (sans les diaboliser), mais aussi des conflits diplomatiques, voire armés, avec des conséquences dévastatrices pour les hommes et les femmes. Les féminismes sont fondamentaux pour le déracinement de la violence et la construction de relations sociales plus saines, c’est-à-dire une culture de la paix (interpersonnelle et même entre les États). Comment les féminismes pourraient-ils inverser cette tendance? Conquérir plus de gens? Faut-il assurer une plus grande visibilité aux féminismes?

Le XXI siècle a vu l’émergence de collectifs féministes qui ont remis en question les modèles précédents. Ils ont élargi le champ d’analyse en intégrant des préoccupations nouvelles (mais anciennes). Réinventer les luttes, c’est inclure dans le débat des questions telles que le développement mondial, la durabilité économique et l’écoféminisme ; c’est continuer à débattre de l’imbrication du genre et d’autres facteurs de discrimination et d’inégalité sociale tels que l’origine ethnique ou raciale, l’âge, le handicap, l’orientation sexuelle, la religion ou les croyances… Ces débats accentuent les clivages persistants entre les hommes et les femmes?

Approfondissant la perspective de l’intersectionnalité dans le discours féministe, les courants actuels ont utilisé le potentiel des médias numériques comme outil de diffusion de leurs revendications. Parallèlement à cette évolution, les féminismes suivent-ils les transformations technologiques, numériques, qui façonnent nos vies ? Dans quelle mesure l’intelligence artificielle est-elle destinée à résoudre des problèmes concrets dans la vie des femmes, comme le temps consacré aux tâches domestiques et aux soins?

Quel est le rôle des hommes dans la construction de l’égalité des sexes ? Quelle place ont les hommes qui se revendiquent féministes dans cette construction ? Les féminismes sont-ils libérateurs pour les hommes ? Le XXIe siècle a vu un nombre croissant d’hommes s’engager dans la construction de l’égalité des sexes, non seulement par la participation à des collectifs féministes composés majoritairement de femmes, mais aussi par la création de groupes de réflexion sur les masculinités alternatives aux masculinités hégémoniques socialement construites dans le passé. Cette table ronde réunit un groupe d’hommes qui, de différentes manières, se sont affirmés comme alliés et/ou protagonistes de la construction d’une société plus juste et égalitaire.

Diffuser une culture de l’égalité permet d’agir en profondeur sur les représentations, les croyances, les mentalités et donc aussi les systèmes. Elle passe par l’éducation au respect mutuel et à l’égalité entre les filles et les garçons ainsi qu’entre les femmes et les hommes : elle vise à déconstruire et à lutter contre les stéréotypes sexistes présents dans de nombreux domaines – à l’école, au travail, dans les médias, le sport, la publicité, etc. – qui induisent et favorisent des comportements discriminatoires, voire des violences à l’encontre de femmes.